Depuis un demi-siècle, maintenant, l’événement artistique annuel qui est devenu le Festival International des Arts de la Rue de Chassepierre s’harmonise aux temps qu’il traverse et qui le traversent, et à leurs changements, tout en parvenant à préserver l’esprit, la philosophie de ses origines. Pour comprendre cet esprit, cette philosophie, il faut remonter à une époque qui précède l’idée même d’inscrire l’art et les arts urbains de la rue dans ce milieu rural et naturel. Alors existait le projet de construction d’un barrage sur la Semois, qui aurait provoqué l’engloutissement de tout le bas du village. Les habitants se sont mobilisés contre l’adversité. Ils ont appris à discuter, à débattre, à agir et à décider de leur avenir, ensemble. Un terreau favorable s’est dès lors créé, sur lequel, en 1974, est venu s’implanter Marie Fizaine, poétesse et directrice du Foyer Culturel de la Moyenne Semois (actuellement Centre Culturel du Beau Canton). C’est elle qui la première a amené l’art, en l’occurrence des peintres et des poètes, à Chassepierre, avant que le relais ne soit pris, et que l’événement ne soit développé jusqu’à atteindre sa taille, sa forme et sa résonance actuelles, par Alain Schmitz (de 1976 à 2015) puis par Charlotte Charles-Heep (de 2015 à nos jours).
C’est sur ces bases à la fois solidaires et inventives qu’a été fondée, en 1986, l’ASBL Fête des Artistes et Artisans de Chassepierre. Son Conseil d’Administration, rassemblé autour de Marc Poncin, son président depuis presque quarante ans, compte une douzaine de membres, tous issus du village et de ses alentours. Car la singularité du Festival tient au fait qu’il n’est pas imposé du dehors, mais est géré par les gens du lieu eux-mêmes. Ils sont l’indispensable interface entre les quelque deux cent cinquante artistes professionnels, accompagnés par vingt-cinq régisseurs, invités chaque année et les habitants qui mettent à disposition leurs prairies, leurs maisons ou leur énergie, et sans lesquels aucune manifestation de cette ampleur ne pourrait être organisée.
Au départ, et jusque dans les années 1980, les artères du village s’irriguent de musique folk et du savoir-faire des artisans. Puis c’est l’irruption des premiers spectacles estampillés de rue, et internationaux. Artisans et musiciens sont toujours accueillis à bras ouverts, bien entendu, mais désormais c’est le haut du pavé des artistes du bitume qui tient le haut de l’affiche. Doucement émergent une réflexion et une pratique autour des artistes, des divers publics potentiels et de leur réunion dans cet espace si éloigné des villes et donc si atypique pour les arts de la rue. Chaque été, Chassepierre devient un lieu de rencontre entre l’urbain et le rural, entre des artistes professionnels et des publics de connaisseurs ou de découvreurs, entre des adultes et des enfants qui à leur tour, en grandissant, transmettent l’esprit, la philosophie du Festival aux leurs.
Pour toutes ces raisons, et parce qu’il a été l’un des premiers événements du genre en Europe, le Festival International des Arts de la Rue de Chassepierre est un véritable précurseur. Pendant une dizaine d’années, il se déroule principalement au cœur du village, mais plus il traverse le temps, plus sa programmation s’étoffe, passant d’une quinzaine de compagnies (1986-1990) à une vingtaine (1991-1996), puis à une trentaine (1997-2000) et à une quarantaine (2001-2007). Depuis 2008, il accueille une cinquantaine de compagnies professionnelles venues du monde entier
- Évènements actuels
- Évènements à venir
- Évènements passés